
Avec la marche, l'enfant découvre des limites. La marche procure à l'enfant un immense plaisir. Il devient autonome pour se déplacer et le champ de ses découvertes s'élargit à la mesure de son intense curiosité. Il n'a besoin de personne pour s'occuper; c'est un explorateur infatigable qui se faufile sans bruit partout, vide les placards, met ses doigts dans les prises, tourne les boutons de la cuisinière à gaz, etc. . Epoque fatigante s'il en est, pour tous les parents, époque de toutes les bêtises et souvent, des accidents ménagers : médicaments avalés, casseroles renversées, chutes...
Notre petit explorateur, tout entier dans l'action, va pour la première fois rencontrer l'hostilité.
- Il va lui arriver de se retrouver devant une difficulté insurmontable : il veut attraper quelque chose et ne peut pas y arriver : c'est trop gros, trop haut, trop lourd...s'il ne renonce pas, son obstination ira jusqu'à le mettre en colère : il prend conscience de ses propres limites et peut avoir du mal à les accepter.
- Explorateur, il n'a pas conscience du danger et va se mettre dans des situations périlleuses ou faire des "bêtises", obligeant alors ses parents à poser les premiers interdits.
Etablir la règle et la faire respecter, voilà la première grande difficulté pour l'éducateur. Le parent, jusque là protecteur apparaît comme hostile. Il pose les premiers jalons de la vie morale qui, plus tard, lui permettront d'exercer sa volonté : volonté de se conformer ou de ne pas se conformer à ce qu'on attend de lui. C'est une étape incontournable :
- Poser quelques interdits contribue à cadrer l'enfant et à lui faire prendre conscience qu'on ne peut pas tout faire;
- Donner une justification à ces interdits (même du type "parce que c'est comme ça") permet à l'enfant de comprendre qu'un "non" n'est pas un caprice de l'adulte, mais une nécessité;
- Faire respecter ces interdits en justifie l'existence et assoit l'autorité. Cela se fera en général par la contrainte, puisqu'il n'est pas encore possible de l'exiger par l'obéissance, qui est un acte de la volonté. Une limite qu'on peut enfreindre n'est pas une limite. On ne peut pas tolérer le moindre écart, car, dès maintenant et avec une intuition désopilante, le petit va chercher à reculer la limite de l'interdit jusqu'à satisfaire son désir. S'il ne trouve pas la limite ou s'il constate qu'elle est variable selon les personnes ou leur humeur, il va élaborer une notion élastique ou radicalement fausse de la règle et son comportement ultérieur s'en trouvera perturbé faute de repères précis. Le respect de la règle est donc fondamental.
Il s'agit en réalité de poser les bases de la confiance profonde sur laquelle s'établira l'obéissance de l'enfant : c'est dès maintenant qu'il comprend que la parole de l'adulte qui oblige n'est pas arbitraire mais qu'elle protège et veut son bien. Par la suite, quelles que soient les situations conflictuelles, si la confiance profonde a été établie, l'enfant reviendra toujours vers ses parents auprès desquels il sait qu'il trouvera la vérité qu'il cherche. "Que votre oui soit oui, que votre non soit non" (Mt 5, 37).
A cet âge, les interdits seront peu nombreux, et les infractions à ces interdits toujours sanctionnées. La surveillance et la diplomatie resteront de rigueur pour éviter les conflits inutiles. Dans le même temps, on fera participer l'enfant à la réparation de ses "bêtises" : par exemple, remettre dans la corbeille ce qu'on a enlevé. L'action, plus efficace que la parole, lui fait percevoir que ses agissements ont des conséquences. Cette prise de conscience, c'est l'éveil de la responsabilité, notion de plus en plus oubliée actuellement : être responsable, c'est assumer la conséquence de ses actes, c'est récolter les fruits, bons ou mauvais, d'une décision.
On veillera à donner à l'enfant les moyens d'être explorateur, sans être perturbateur. Explorer lui fournit une masse considérable de matériaux pour construire sa pensée. Gardons à l'esprit que ce bébé de 18 mois est toujours une éponge sensorielle, accumulant des connaissances, comme quelqu'un qui visite un bazar sympathique et ramasse tout ce qui lui plaît sans savoir ce qu'il va en faire. sa capacité d'enregistrement est prodigieuse : offrons-lui toutes les occasions de fonctionner. C'est le moment d'aménager la maison : ne pas laisser traîner d'objets fragiles ou dangereux, ranger soigneusement les substances toxiques (médicaments, produits d'entretien), sans toutefois sur-sécuriser le cadre de vie. L'apprentissage du risque, la perception du danger, font partie de l'éducation. C'est à la famille de s'en charger et non aux dispositifs sociaux tels que les crèches, les écoles, les garderies dans lesquelles les mesures de sécurité liées au nombre des enfants imposent des limites très strictes à la prise de risque.
Notre petit explorateur, tout entier dans l'action, va pour la première fois rencontrer l'hostilité.
- Il va lui arriver de se retrouver devant une difficulté insurmontable : il veut attraper quelque chose et ne peut pas y arriver : c'est trop gros, trop haut, trop lourd...s'il ne renonce pas, son obstination ira jusqu'à le mettre en colère : il prend conscience de ses propres limites et peut avoir du mal à les accepter.
- Explorateur, il n'a pas conscience du danger et va se mettre dans des situations périlleuses ou faire des "bêtises", obligeant alors ses parents à poser les premiers interdits.
Etablir la règle et la faire respecter, voilà la première grande difficulté pour l'éducateur. Le parent, jusque là protecteur apparaît comme hostile. Il pose les premiers jalons de la vie morale qui, plus tard, lui permettront d'exercer sa volonté : volonté de se conformer ou de ne pas se conformer à ce qu'on attend de lui. C'est une étape incontournable :
- Poser quelques interdits contribue à cadrer l'enfant et à lui faire prendre conscience qu'on ne peut pas tout faire;
- Donner une justification à ces interdits (même du type "parce que c'est comme ça") permet à l'enfant de comprendre qu'un "non" n'est pas un caprice de l'adulte, mais une nécessité;
- Faire respecter ces interdits en justifie l'existence et assoit l'autorité. Cela se fera en général par la contrainte, puisqu'il n'est pas encore possible de l'exiger par l'obéissance, qui est un acte de la volonté. Une limite qu'on peut enfreindre n'est pas une limite. On ne peut pas tolérer le moindre écart, car, dès maintenant et avec une intuition désopilante, le petit va chercher à reculer la limite de l'interdit jusqu'à satisfaire son désir. S'il ne trouve pas la limite ou s'il constate qu'elle est variable selon les personnes ou leur humeur, il va élaborer une notion élastique ou radicalement fausse de la règle et son comportement ultérieur s'en trouvera perturbé faute de repères précis. Le respect de la règle est donc fondamental.
Il s'agit en réalité de poser les bases de la confiance profonde sur laquelle s'établira l'obéissance de l'enfant : c'est dès maintenant qu'il comprend que la parole de l'adulte qui oblige n'est pas arbitraire mais qu'elle protège et veut son bien. Par la suite, quelles que soient les situations conflictuelles, si la confiance profonde a été établie, l'enfant reviendra toujours vers ses parents auprès desquels il sait qu'il trouvera la vérité qu'il cherche. "Que votre oui soit oui, que votre non soit non" (Mt 5, 37).
A cet âge, les interdits seront peu nombreux, et les infractions à ces interdits toujours sanctionnées. La surveillance et la diplomatie resteront de rigueur pour éviter les conflits inutiles. Dans le même temps, on fera participer l'enfant à la réparation de ses "bêtises" : par exemple, remettre dans la corbeille ce qu'on a enlevé. L'action, plus efficace que la parole, lui fait percevoir que ses agissements ont des conséquences. Cette prise de conscience, c'est l'éveil de la responsabilité, notion de plus en plus oubliée actuellement : être responsable, c'est assumer la conséquence de ses actes, c'est récolter les fruits, bons ou mauvais, d'une décision.
On veillera à donner à l'enfant les moyens d'être explorateur, sans être perturbateur. Explorer lui fournit une masse considérable de matériaux pour construire sa pensée. Gardons à l'esprit que ce bébé de 18 mois est toujours une éponge sensorielle, accumulant des connaissances, comme quelqu'un qui visite un bazar sympathique et ramasse tout ce qui lui plaît sans savoir ce qu'il va en faire. sa capacité d'enregistrement est prodigieuse : offrons-lui toutes les occasions de fonctionner. C'est le moment d'aménager la maison : ne pas laisser traîner d'objets fragiles ou dangereux, ranger soigneusement les substances toxiques (médicaments, produits d'entretien), sans toutefois sur-sécuriser le cadre de vie. L'apprentissage du risque, la perception du danger, font partie de l'éducation. C'est à la famille de s'en charger et non aux dispositifs sociaux tels que les crèches, les écoles, les garderies dans lesquelles les mesures de sécurité liées au nombre des enfants imposent des limites très strictes à la prise de risque.
Extrait de "Chaque chose en son temps...Les étapes d'une éducation réussie", Martine DUBOIS, in Sedes Sapientiae, n°99, pp. 39-58.