samedi 6 février 2010

Sainte Rita de Cascie


Rita est née vers 1381 à Roccaporena, en Ombrie (Italie centrale) et a été baptisée dans l'église Saint-Jean-Baptiste de Cascia.

«Miracle des abeilles»

«Rita» est un diminutif de Margherita (Marguerite). Peu après sa naissance, l'enfant se trouve un jour entourée d'abeilles dont certaines pénètrent dans sa bouche et en ressortent sans la piquer. Cet épisode, appelé «miracle des abeilles», attesté par de nombreux témoignages, établit entre Rita et les abeilles un lien providentiel qui n'est pas sans signification spirituelle. Saint Ambroise donne l'abeille comme un modèle de vie: «Faites que votre travail soit semblable à celui d'une ruche, parce que votre pureté et votre chasteté doivent être comparées aux abeilles laborieuses, modestes et continentes. L'abeille se nourrit de rosée, ne connaît pas les vices de la sensualité et produit le miel précieux. La rosée d'une vierge est la parole même de Dieu qui, comme la rosée des abeilles, descend bienveillante et pure du Ciel». Rita reçoit de ses parents une éducation soignée et une solide formation religieuse, marquée par la dévotion à la Sainte Eucharistie.

Un jour, dans l'église du Monastère Sainte-Marie-Madeleine des Augustines de Cascia, Rita assiste à la Sainte Messe et entend intérieurement le Christ lui dire: Je suis la Voie, la Vérité et la Vie (Jn 14, 6). Cette parole intérieure semble être le point de départ de sa vocation religieuse. Rita s'ingénie à obtenir de ses parents la permission de se consacrer à Dieu, mais elle n'y parvient pas. Au contraire, dès l'âge de douze ans, elle est promise en mariage à Paolo di Fernando, jeune homme de Roccaporena, de moeurs rudes, que l'amabilité de Rita adoucira. Après leur mariage, ils vivent en bonne harmonie et deux fils leur naissent. Mariée et mère de famille, Rita poursuit son intense vie spirituelle. Mais après une quinzaine d'années, un drame survient: le mari de Rita est assassiné sans que l'on puisse connaître avec certitude la raison de ce meurtre.

Dès ce jour, Rita demande dans sa prière la force de pardonner à l'assassin et supplie le Seigneur avec assiduité de lui pardonner aussi. Mais elle craint que ses fils ne cherchent un jour à venger leur père (la «vendetta» était dans les moeurs des pays méditerranéens); pour les détourner de cette tentation, elle cache la chemise ensanglantée de son mari et les exhorte eux aussi au pardon, conjurant le Bon Dieu de lui prendre aussi ses enfants plutôt que de permettre qu'ils ne se laissent aller à la vengeance. Quelques mois plus tard, les deux garçons de Rita décèdent de maladie, sans s'être vengés. Le pardon de Rita se manifeste aussi par son refus de livrer à sa belle-famille le nom de l'assassin de son mari; ce qui lui vaut l'indignation de celle-ci. (...)

Devenue veuve, Rita quitte la demeure familiale de Roccaporena pour s'installer dans une plus petite maison où elle s'adonne à la prière et aux oeuvres de charité. (...). L'ancien désir qu'a eu Rita de se consacrer à Dieu resurgit et elle demande à être admise au monastère Sainte-Marie-Madeleine des Augustines de Cascia. Mais malgré ses instances, on la repousse. Très affligée, Rita redouble ses prières et une nuit, elle entend saint Jean-Baptiste qui l'invite à se rendre au sommet du Schioppo. Là, une vision du Précurseur accompagné de saint Augustin et de saint Nicolas de Tolentino (qui n'était pas encore canonisé) la réconforte. Les trois saints la conduisent mystérieusement au monastère où sa demande est enfin acceptée. La communauté compte dix religieuses dirigées par une Abbesse. Au noviciat, Rita lit l'Écriture Sainte avec avidité, s'initie à la psalmodie de l'Office divin et récite le Rosaire. Avant sa profession religieuse, elle donne tous ses biens au monastère. (...)

Lors du carême de 1425, saint Jacques de la Marche, un Franciscain, prêche tous les jours à Cascia. Bouleversée plus que tout autre par sa prédication du Vendredi Saint, Rita se sent gagnée par le désir de participer de quelque manière aux tourments du Sauveur. Retirée dans sa cellule, elle se jette aux pieds du Crucifix et supplie le Seigneur de lui accorder d'éprouver au moins la douleur d'une pointe de la couronne d'épines. Plusieurs années après, en 1432, elle reçoit la grâce d'une stigmatisation très spéciale: une épine de la couronne du Christ la blesse miraculeusement au front, de telle sorte que la plaie ne se refermera pas avant sa mort.

Rita est décédée vraisemblablement en 1447, le 22 mai. Le Breve racconto nous dit qu'à l'approche de sa mort, elle jouit d'une apparition de Jésus et de Marie. Toute joyeuse, elle demande alors les derniers sacrements et s'éteint paisiblement. Aussitôt les cloches de l'église se mettent à sonner toutes seules. Le corps de Rita ne s'est pas corrompu: le fait est attesté à différentes époques, à plusieurs siècles de distance. (...)

En 1710, un religieux espagnol de l'Ordre des Augustins avait, le premier, qualifié sainte Rita d'«avocate des causes impossibles». Elle est aussi appelée «patronne des causes désespérées». Les difficultés les plus diverses lui sont confiées: guérisons, travail, affaires, succès aux examens... De nos jours encore, son intercession demeure puissante, comme le prouvent les 595 ex-voto déposés dans le sanctuaire de Cascia au XXe siècle.


Dom Antoine Marie osb, abbé
Extraits de la lettre de l'Abbaye Saint-Joseph de Clairval