dimanche 7 décembre 2008

Premières semaines : percevoir et mettre en mémoire


Les premières semaines de la vie d'un enfant sont souvent considérées comme une période végétative. Apparence trompeuse. L'activité sensorielle de ses premières semaines est prodigieuse. Ce qui trompe, c'est la faiblesse de ses moyens d'expression.

Sa première action sera de téter, plusieurs fois par jour le sein de sa mère (ou par substitution le biberon). Outre la satisfaction du besoin alimentaire, le contact intime répété plusieurs fois par jour et non substituable que nécessite l'alimentation au sein, ce contact entre la mère et le nouveau-né procure à l'enfant la chaleur, la tendresse et le sentiment de sécurité dont il a intensément besoin au moment où il se trouve plongé dans un environnement nouveau où il n'a encore aucun repère. (...)
Le moment de la tétée, que ce soit au sein ou au biberon, est donc le moment où notre tout-petit recharge les batteries : batterie biologique et batterie affective. On comprend bien pourquoi cet instant mérite toute l'attention de la maman : attention au besoin alimentaire de l'enfant, transmission de l'affection qu'elle lui porte par le temps nécessaire qu'elle lui consacre : c'est qu'il a besoin de sentir qu'on est à lui et à lui seul pendant ce moment-là : c'est son moment.
Le rythme des tétées permet de répondre aux besoins propres de chaque nourrisson : quantité, qualité, périodicité. Il s'agit de le conduire vers la régularité en étant attentif à son rythme personnel et de l'introduire progressivement dans le rythme familial en l'habituant à attendre son heure ou son tour.

Le sommeil est également un besoin essentiel de l'enfant car, déjà, une activité cérébrale intense caractérise cet âge de la vie. Comme aux adultes, le sommeil apporte le repos du corps et de l'esprit. (...) L'activité du tout-petit est prodigieuse : à la fatigue physique que lui occasionnent ses nombreuses digestions productrices de l'énergie nécessaire à l'équilibre thermique et au développement de ses cellules, s'ajoute la gestion mentale de toute l'information qu'il reçoit par ses sens en éveil.(...) Tout ce que perçoit l'enfant par sa sensibilité s'imprime en lui : impressions agréables ou désagréables, sentiment de sécurité ou d'insécurité, affection ou délaissement ainsi que toutes les perceptions sans influence sur l'humeur, mais indispensables à l'élaboration de la pensée que lui apportent ses sens. La vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher sont des portes ouvertes sur le monde qui entoure l'enfant.(...)

De la même manière, l'enfant perçoit le climat spirituel dans lequel vit la famille : vernis superficiel ou source de vie du foyer.

Extrait de "Chaque chose en son temps...Les étapes d'une éducation réussie", Martine DUBOIS, in Sedes Sapientiae, n°99, pp. 39-58.



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