lundi 17 novembre 2008

Lucie Christine


"En 1912, le Père Augustin Poulain, rendu célèbre par son ouvrage intitulé Des grâces d'oraison, publiait le journal spirituel d'une certaine Lucie Christine. Ce nom est un pseudonyme. Il s'agit du journal d'une mère de famille, écrit à la demande du curé de sa paroisse, qui fut son seul directeur et cela trente-trois ans durant.
Lucie est née le 12 février 1844. Mariée à l'âge de vingt-et-un ans, elle eut cinq enfants. Devenue veuve après vingt-deux ans de mariage, elle mourut à soixante-quatre ans, sans aucun signe de maladie, très doucement, dans un élan d'amour le Vendredi-Saint de 1908. Son journal couvre sa vie spirituelle depuis 1870 jusqu'à sa mort. C'est vers l'âge de vingt-neuf ans qu'elle commença à connaître une union très intime et très haute avec Dieu. Elle reçut de grandes grâces de lumière sur la Sainte-Trinité, sur le mystère de la souffrance du Sauveur...Elle en reçut beaucoup à la sainte communion.
Puisque nous faisons mention de Lucie Christine en tant que ses obligations familiales ne l'empêchèrent pas d'être une mystique, citons cette note de son journal, écrite en 1876, alors qu'elle était mariée depuis onze ans, note qui exprime magnifiquement le caractère sacré de l'union conjugale : "Quoique, écrit-elle, ayant toujours considéré le mariage au point de vue de la foi, je le vis alors sous de nouveaux aspects qui se résumaient ainsi : Chrétiens mariés, Dieu nous appelle, n'en doutons pas, à exercer le pontificat qu'il a voulu confier à l'homme lorsqu'il le fit roi de la création. Nous sommes tenus de lui offrir ce qu'il y a de plus parfait dans le monde, la créature humaine. Elle nous appartient comme nous lui appartenons par l'engagement sacré du mariage, mais nous, chrétiens, nous ne pouvons nous donner l'un à l'autre qu'à cette fin principale de rendre gloire à la suzeraineté de Dieu; l'usage de notre volonté libre est l'expression fidèle de sa volonté souveraine, et nous ne pouvons accepter le suprême tribut d'estime, de confiance et d'amour qui nous est dévolu par la créature que comme un hommage déposé sur l'autel de notre âme pour remonter jusqu'au Créateur." "

Abbé Jean-Paul ANDRE, La Mère. Editions Les amis de St François de Sales.